A l'origine, Alan Wake devait être un « open
world », comprenez un jeu à monde ouvert dans lequel vous être libre de
vos déplacements dans un espace virtuel relativement grand (les GTA sont les
meilleurs exemples de ce genre de jeu). Or, cette belle initiative qui aurait
fait évoluer le genre survival-horror (ce qu'est Alan Wake) vers de nouveaux
horizons a semble t'il été écartée lors de la réalisation du titre pour nous
ramener à quelque chose de fondamentalement plus dirigiste... Même si il est vrai
que le titre se permet plusieurs libertés comparé aux standards du genre
(resident evil, silent hill) en offrant des espaces à plusieurs embranchements,
que ce soit dans les escapades en forêt ou surtout lors des phases en voiture.
Alan Wake est donc un survival-horror reprenant plusieurs
éléments classiques tels que la vue à la 3ème personne, les effets
sonores et la bande-son bien flippante, l'univers sombre et les munitions et
armes en nombres limités. Là où le jeu innove cependant, c'est tout d'abord au
niveau de la mise en scène : ainsi Alan Wake se présente comme une
véritable série découpée en plusieurs épisodes (5 pour le moment) se terminant
chacun par une révélation et le suivant débutant par un résumé du précédent...
Cette construction se révèle tout simplement excellente et la petite scène de
fin d'épisode avec l'animation du « logo » Alan Wake accompagnée
d'une chanson à chaque fois différente nous pousse à continuer l'aventure
jusqu'au bout de la nuit !
La bande-son, reflet des influences multiples des
développeurs du jeu est absolument géniale ! Les thèmes principaux de
l'histoire sont ainsi orchestrées de la plus belle manière tandis que
l'ambiance des scènes d'action est juste super flippante, de quoi vous stresser
un peu plus que vous ne l'étiez déjà face aux hordes d'ennemis...
Graphiquement, il est vrai que le jeu semble accuser un peu
de retard face aux productions actuelles, surtout au niveau des visages et des
animations faciales. Cependant l'ambiance générale est extraordinaire, grâce à
un environnement de toute beauté composé d'immenses montagnes, de forêts
semblant s'étendre à l'infini et à un brouillard que l'on jurerait parfois
vivant... Mention particulière aux effets de lumière absolument bluffant (c'est
un plaisir de promener sa lampe torche à travers l'horizon dans la nuit) et aux
effets climatiques très réalistes.
Venons-en au plus gros point fort du jeu : le scénario.
C'est simple, je place personnellement le scénario d'Alan Wake comme l'un des
meilleurs jamais vu dans un jeu vidéo... Une fois l'histoire commencé, on se sent
immédiatement accroché à l'histoire et aux différents protagonistes grâce à une
narration fabuleuse, entre les pensées de l'écrivain, les pages de son livre
retrouvées un peu partout (et qu'il ne se souvient pas avoir écrit) racontant
les éléments passés, présent et parfois à venir... Sans oublier les flashbacks
montrant la vie d'Alan et de sa femme avant qu'ils partent pour Bright Falls. Tout
cela est magnifiquement orchestré et on se retrouve immergé dans un véritable
film - ou devrais-je dire série - interactif, voulant absolument savoir le fin
mot de l'histoire.
Côté influences, Alan Wake emprunte aux meilleurs des jeux
vidéos comme par exemple resident evil 4, qui me semble être la plus flagrante,
ou bien encore silent hill (le côté malsain en moins) et même heavy rain pour
l'histoire et l'attachement aux personnages, même si cela n'est évidemment pas
autant poussé que dans le chef d'œuvre de David Cage... Côté littéraire on
pensera bien entendu à Stephen King, que le jeu n'oublie pas de citer à
plusieurs reprises : ici et là on pense à Shining, avec son écrivain au
bord de la folie et son univers « rural » très souvent basé dans
l'état du Maine aux Etats-Unis. J'ai également trouvé pas mal de similitude
avec le film de John Carpenter « L'Antre de la Folie », le cadre et
les personnages s'en rapprochant parfois énormément (et si vous avez vu la
minisérie pré-quelle du jeu, cela crève encore plus les yeux !).
Vous l'aurez compris, Alan Wake est un très bon jeu, et même
si il n'innove pas autant que ce que l'on aurait pu imaginer lors des premières
présentations, il reste une œuvre parfaitement maitrisée de A à Z dans laquelle
on prend plaisir à évoluer. Lorsque l'on enchaine les heures de jeu pour
arriver à la fin du jeu (qui n'est pas fermée), un sourire béat d'admiration,
les yeux encore plein d'étoiles et les oreilles bercées par David Bowie, on
sait que l'on tient là quelque chose de particulièrement bon ;)
Aller, vivement la suite !!!